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"La mode masculine au XVIIIème siècle"

Saint-Loup 2010

Broderies et chapeaux au masculin

Au début du projet d'exposition pour la Saint-Loup 2010 à Guingamp, nous avions envie de présenter des gilets brodés et des chapeaux de la classe bourgeoise et de la classe paysanne en Bretagne du milieu du XVIIIème siècle au début du XXème siècle.

Saint-Loup 2010
Les modes au fil du temps

Gilet ou veste: comment s'y retrouver?

Mais, dès que nous parlions de gilets au XVIIIème siècle, il nous fallait indiquer que le mot gilet avait remplacé le mot veste lorsque les manches de la veste avaient disparus sous Louis XVI.

Il nous fallait donc étendre notre exposition aux vestes, d'autant qu'en Bretagne, le gilet et la veste sont quasiment indissociables.

Et puis, les paysans de Basse-Bretagne parlaient de jiletenn, de chupenn ou encore de porpan ou justennt, avec des définitions très variables.

Le chupenn est défini comme une veste courte, un veston ou encore un pourpoint.

Le porpant ou justenn est à tord défini comme une veston, c'est-à-dire une veste courte et sans basques, ce qui ne correspond pas à son aspect, il vaut mieux parler d'un justaucorps qui aurait évolué..

Les modes au fil du temps

Gilets et chapeaux: mode strictement masculine?

Enfin, les femmes de la bourgeoisie avaient, à plusieurs reprises, porté des gilets ajustés et même des jaquettes ressemblant à s'y méprendre à l'habit à la française.

De même, les jiletennoù et les chupennoù de Cornouaille ont arboré vers 1900 des broderies et des rubans de fils métalliques jusqu'alors réservés aux costumes féminins.

En conclusion, nous devions plutôt axer notre exposition sur la mode masculine avec la présentation de pièces ayant composé sur cette période des vêtements du dessus du haut du corps, qu'ils s'appellent pourpoint, justaucorps, habit, gilet ou veste, jiletenn, chupenn ou porpant et les chapeaux de cette même période.

Les modes au fil du temps

choix de l'affiche

Pour satisfaire à nos objectifs vis à vis d'un public emprunt de culture bretonne, nous devions choisir comme support à l'affiche un élément du costume traditionnel breton qui se démarque des pièces habituellement exposées dans les musées.

Nous avons rapidement opté pour un porpant d'apparat du milieu du 19ème siècle de la région de Noyal-Pontivy, admirablement conservé. Pour en savoir plus cliquez ici

Les teintes chaudes des broderies polychromes au point de chaînette, la forme élégante et dentelée des poches latérales, la ligne parfaite des boutons rouges, la richesse et la variété impressionnante des motifs brodés, étaient autant de critères ayant entraîné notre choix.

Dans un autre article, nous développerons l'histoire incroyable de ce porpant et les caractéristiques des différents porpants qui étaient portés au 19ème siècle dans l'ensemble de la Bretagne, de la côte du Penthièvre à la presqu'ile de Plougastel et de la Cornouaille aux Landes de Lanvaux.

La mode au masculin

La mode au masculin

Nous avions placé au centre de l'ancienne chapelle, formant aujourd'hui l'Espace François Mitterrand à Guingamp, trois personnages:

L''homme paré:

Le premier personnage que nous avions appelé l'homme paré, est revêtu d'un habit à la française de l'époque Louis XVI vers 1780.

Ce costume simple ou de cérémonie se compose d'un ensemble veste et culotte de l'Ancien régime porté sous l'habit (nouvelle dénomination de l'ancien justaucorps).

Notre riche bourgeois ou aristocrate d'une grande ville bretonne (Rennes ou Nantes) a pu s'habiller ainsi selon le rang et la circonstance.Il ne s'est pas encore laissé influencer par l'anglomanie qui déferle sur l'Europe depuis une vingtaine d'année, notamment sur la capitale.

La finesse des broderies de fleurettes au fil de soie aux couleurs en camaïeu vert et orange sont du plus bel effet sur le taffetas façonnée de soie ivoire de la culotte et de la veste fermée seulement à la taille pour laisser passer le jabot de dentelle de la chemise.

Les riches broderies au fil de soie vert amande, rose pâle et ivoire tranchent sur le bleu nuit de l'habit en drap de laine, dont le devant s'ouvre en triangle depuis une vingtaine d'années sous le dernier bouton avec la disparition de l'ampleur des cotés.

Les manches à parement et les poches à revers découpés sont ornées de boutons et de boutonnières tout aussi brodés que le col montant droit.

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Dame de qualité en 1880

Le second personnage lui fait face, cette dame de qualité porte vers 1880 une jaquette dans le goût des habits à la française, propre aux aristocrates du dernier quart du 18ème siècle.

Elle arbore un large sourire quelque peu moqueur vis à vis de l'homme paré.

Elle est en effet vêtue, sur sa jupe et son corsage, d'une jaquette en soierie lyonnaise bleu violacé, brochée de motifs polychromes dans le goût du 18ème et agrémentée, sur les poches et les revers de manches, de boutons de nacre parsemés de strass.

La sobriété de la ligne de cette jaquette tranche avec la complexité de la jupe à pouf garnie d'un volant et portée sur une tournure baleinée et un ample jupon.

Le corsage à jabot se porte sur un corset également baleiné et moulant le buste.

Sa tenue serait incomplète sans le chapeau, capote en satin ornée de bouquets de fleurs et de rubans de soie.

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L'homme de Ploaré 1890

Le troisième personnage est vêtue d'un costume de la région de Ploaré datant de 1890, comme l'atteste la date brodée sur son chupenn bleu.

Son costume traditionnel des jours de fêtes de paysan aisé comprend:

Une chemise blanche à col très haut et brodé de fils blancs sous un jiletenn en drap de laine noire dont le col est bordé de plusieurs rangs de broderies polychromes et dont le devant est garni de deux rangées de boutons en laiton caché partiellement par une ceinture en drap rouge.

Un premier korf-chupenn en drap de laine noire, aussi long et aussi brodé que le jiletenn mais porté ouvert avec d'un coté une rangée serrée de boutons de laiton et de l'autre autant de boutonnières richement brodées.

Un faux second korf-chupenn avec ses bords brodés et sa lisière de fabrique en tissu blanc est cousu sous une veste courte à manches longues appelée chupenn en drap de laine bleue garni de piqûres de fil noir qui raidissent l'ensemble de l'étoffe et bordé du même type de broderies dites en brusquioù.

Un bragoù braz en gros drap de laine noire plissé et faufilé et une paire de guêtres assorties à l'ensemble et ornées de fléchets multicolores complètent cette guise.

Rédacteur Daniel Labbé