Dans un autre chapitre, nous tenterons d'expliquer la provenance de ces draps de laine rouge, les terroirs avaient adopté ces robes rouges, les lieux de fabrication des draps de laine blanche et les types d'industrie et de métier concernés.
Rédacteur Daniel Labbé,
Les Modes au fil du temps à Saint-Brieuc, le 20 mai 2012.
Remerciements
La robe rouge des amis de Pontivy n'est plus énigmatique
La boucle est bouclée et la robe rouge des Amis de Pontivy n'est plus énigmatique.
Nous pouvons aujourd'hui affirmer que la robe rouge des Amis de Pontivy a été confectionnée par ou pour M.F. ROBIC, native de Pluméliau (peut-être au village de Guervaut) et petite-fille du domanier du château de Rimaison,
et que cette robe a été portée entre 1847 (date de son mariage à Bieuzy-les-Eaux à l'âge de 17 ans avec P. LE BELLER) et 1854 (date de sa dernière grossesse).
Nous touchons donc au but et portons toute notre attention sur M.F. ROBIC.
M.F. ROBIC, est née le 14 juillet 1830 à Pluméliau, elle est la fille née de l'union célébrée à Bieuzy le 17 février 1829 de T. LE MOUEL et de L.J. ROBIC de KERANGAR.
M.F. ROBIC épouse à l'âge de 17 ans à Bieuzy-les-Eaux le 28 août 1847 P. LE BELLER, né le 19 août 1816 à Guern, et ils auront quatre enfants, tous nés à Bieuzy-les-Eaux entre 1849 et 1854 et notamment le sus nommé J. LE BELLER né le 29 décembre 1850.
A noter que
T. LE MOUEL, la mère de M.F. ROBIC, est la fille de Patern LE MOUEL, domanier du château de Rimaison
que M.F. ROBIC et P. LE BELLER habitaient en 1830 au village de Guervaut en Pluméliau
et que P. LE BELLER était maire de Bieuzy entre 1848 et 1851 et qu'il décèdera à l'âge de 40 ans le 21 mars 1857 à Bieuzy-les-Eaux.
M.F. ROBIC, veuve de P. LE BELLER, décèdera à Pluméliau, sa commune de naissance, le 19 décembre 1911 à l'âge de 81 ans.
Rappelez-vous que M.F. ROBIC avait été témoin à Bieuzy-les-Eaux de la naissance en 1901 de la mère de la donatrice de la robe, N. MAUDONNET née FAUCHAIS.
La donatrice, N. MAUDONNET, se trouve être la fille d'A. MAUDONNET et de H. FAUCHAIS.
La consultation de l'acte de naissance d' H. FAUCHAIS du 31 juillet 1901 à Bieuzy-les-Eaux, nous apprend entre autres que M.F. ROBIC, âgée de 72 ans et ménagère à Bieuzy, était témoin à cette naissance.
En remontant l'arbre généalogique, nous constatons que H.FAUCHAIS est la fille de l'union célébrée à Bieuzy-les-Eaux le 6 octobre 1900 de H.L. FAUCHAIS et d'A.M. LE BELLER, née le 29 février 1882 à Bieuzy.
A.M. LE BELLER est la fille unique de J. LE BELLER et de A.M. ONNO.
De même, J. LE BELLER est le second fils de P. LE BELLER et de M.F. ROBIC, notre témoin à la naissance de sa petite-fille H. FAUCHAIS en 1901.
Par bonheur et à l'occasion du transfert des biens et des archives de l'association des AMIS DE PONTIVY dans leurs nouveaux locaux de Pontivy, il est retrouvé l'acte de donation de plusieurs vêtements, dont cette robe rouge.
En effet, en 1995, N. MAUDONNET faisait un legs à l'Association et mentionnait « Je souhaite que dans l'éventualité de l'exposition de tout ou partie de mon legs, la mention « LEGS FAUCHAIS-LE BELLER » soit portée à la vue du public ».
Il n'en faut pas plus pour nous mettre sur les traces des ancêtres de cette famille FAUCHAIS - LE BELLER.
Enquête en 2012
Si nous voulons retrouver la trace de sa propriétaire, il nous faut donc chercher d'autres pistes que l'article paru dans ARMEN et que certains récits rocambolesques.
Il nous reste encore l'histoire des châteaux.
Nous avions appris que Patern LE MOUEL avait fait construire en 1817, avec les pierres du château de Rimaison (en ruine en 1794), un manoir à Kerdanet sur la commune de Bieuzy (lieu-dit transféré en 1869 sur la commune de LE SOURN).
Au cours du mannequinage de la robe, Réjane LABBé de notre association constate que cette robe présente des ajouts de tissu sous les aisselles dans un autre tissu plus léger et surtout des modifications très anciennes par un lâché de plis latéraux de la jupe de la robe et par un ajout de pièces à la hauteur du ventre et en partie basse.
Ces modifications avaient été faites pour donner de l'aisance au niveau du ventre, nous vous laissons le soin de conclure.
Lors des visites commentées, nous avons indiqué que cette robe rouge avait dû être confectionné et portée vers 1850 (et non vers 1870) pour un mariage ou une cérémonie et qu'elle avait appartenu par une femme de bonne condition (et non une domestique d'un château), native ou habitant peut-être Bieuzy-les-Eaux ou encore Pluméliau et qui l'avait modifiée pour l'une de ses maternités.
exposition de 2011
Confiant de nos premières conclusions et bien que nous n'ayons pu recueillir aucun témoignage sur l'identité de la propriétaire de cette robe, nous décidons de la présenter en juillet 2011 lors de l'exposition dans la chapelle du château des Rohan à PONTIVY.
Pour cette exposition, notre association opte pour sa présentation suivant le modèle de la robe dessinée à Pluméliau en 1843 par F.H. LALAISSE.
Roselyne HOUEE de notre association confectionne donc une coiffe à l'identique, une camisole en laine blanche et un tablier paré de soie noire.
Une chemise de corps, un tour de taille, une ceinture en argent et des bas rouges viennent compléter ce costume monté sur un mannequin réaliste.
Aire géographique
L'aire géographique de ces robes rouges, dites à la mode de Pontivy, s'étend au milieu du 19ème siècle, de Neuillac au nord à Plumeliau au sud, et de Saint-Gérand à l'est à Melrand à l'ouest.
Cela représente un terroir ayant Pontivy pour centre et balayant 17 à 18 communes sur un rayon de 20 kilomètres en tous sens.
A ce stade de l'étude des différents documents présentés, nous estimons que tout ou partie des robes rouges ont été à la mode dans le pays de Pontivy depuis le milieu du XVIIIème
Ci-contre l'illustration du plan de Vannes dans l'ouvrage " Description historique, topographique et naturelle de l'Ancienne Armorique » de Christophe-Paul de Robien vers 1756.
Les illustrations et photographies
Lors de nos rendez-vous à Pontivy et dans un rayon de 20 kilomètres, nous avons l'occasion de voir d'intéressantes photos de famille, malheureusement en noir et blanc.
Notamment, nous avons pu admirer la photographie d'une femme née en 1841 à Saint-Thuriau et portant une robe aux mêmes caractéristiques que l'énigmatique robe rouge avec des passementeries entre les deux rangs de velours aux revers des manches, la grande coiffe et le tablier en soie brochée.
Il nous est en outre précisé que cette femme faisait partie des mille cavaliers ayant défilé le 16 août 1858 (six mois avant son mariage) devant l'Empereur Napoléon III, l'impératrice Eugénie et le dauphin.
L'iconographie sur les robes rouges
A l'examen du feuillet 52.76.1.36 du carnet de croquis de F.H. LALAISSE relatif à son premier voyage en Bretagne en 1843, nous constatons que le personnage de droite représente une femme de PLUMELIAU dessinée de dos et portant un robe rouge richement ornée de broderies et de passementeries et les mentions de l'artiste « ceinture en argent » et « fil d'argent».
Comme pour la robe qui nous est confiée, la longue jupe de cette robe rouge est bordée en partie basse d'une passementerie en fil d'argent et comporte dans le dos de multiples plis d'orgue. Le dos du corsage de cette robe est orné de deux bandes jaunes en forme de deux demi-cercles en tête-bêche et d'un tour de cou de même.
F.H. LALAISSE dessine un ample tablier, mentionne la présence d'une « ceinture en argent ». La coiffe en toile transparente présente un fond trapézoïdal très plissé avec un ourlet de coulisse très visible et une passe large cousu aux trois cotés du fond et dont les deux ailes tombent sur le bas des reins avec une point de jonction intermédiaire au niveau de la nuque. Par transparence, nous notons la présence d'un ruban rouge entourant la tête.
Cette femme porte aux pieds des chaussures à talons plats et ornées d'un noeud en rosette.
Sur le personnage de gauche dessiné de face et repris en buste de profil, nous retrouvons le même type de robe avec des broderies rouges et jaunes, avec des rubans de velours noir et un tour de taille en ruban de soie noire complété d'une ceinture en passementerie d'argent.
Tout cela nous fait encore penser à une tenue de cérémonie, même si nous sommes en présence d'une robe et d'un tablier en mérinos noir.
Mais, est-ce le signe d'une différence de classe sociale, de circonstance plus ou moins exceptionnelle (mariage ou cérémonie) ou de conviction religieuse (catholique et protestant) ?
Nous ne pouvons nous satisfaire de ces conclusions pour plusieurs raisons:
dans la mesure où, en l'examinant, nous retrouvons beaucoup de point commun avec la robe de Pluméliau dessinée en 1843 par F.H. LALAISSE,
dans la mesure où, passée de mode depuis 70 ans, cette robe n'avait pu être porté en 1920,
dans la mesure où cette robe, richement brodée et ornée de rubans de velours de soie et de fehl, n'avait pas pu être portée par une domestique
et dans la mesure où il n'existait plus de château à Bieuzy depuis la fin du XVIIIème siècle.
Nous décidons de reprendre l'enquête sur la base d'ouvrages de référence, de dessins, photographies ou tableaux d'époque et de témoignages croisés des familles locales et après échanges entre passionnés d'histoire et de généalogie
Nous relisons donc cet article de la revue n° 91 d' ARMEN de janvier 1998 qui lui était notamment consacré.
Le rédacteur y précisait qu'il n'avait été retrouvé qu'un seul exemplaire de ces superbes robes rouges portées dans le Morbihan depuis le début du XIXème siècle, voire plus avant.
Il indiquait " La rescapée est une robe de mariée de Bieuzy-les-Eaux, datant de 1870 ".
Dans ce même article, le rédacteur précisait " La dernière robe rouge connue a été portée jusqu'en 1920 par une personne âgée, qui était domestique dans un château".
Armen et l'énigmatique robe rouge:
Notre association LES MODES AU FIL DU TEMPS est mise en relation en juin 2011 avec l'association des AMIS DE PONTIVY pour étudier et mettre en valeur «l'énigmatique robe rouge de Pontivy » qui avait fait l'objet d'un article dans la revue ARMEN, il y a une dizaine d'années, avec deux photos de face et de dos.
Pour pouvoir l'exposer en juillet 2011, nous devons rapidement recomposer les éléments manquants à cette robe en recherchant toutes les informations nécessaires à sa datation, à sa situation géographique et si possible à son histoire.