Coiffes de Taulé, Locquénolé, Henvic et Carantec

Aire géographique

Aire géographique

Cet article concerne les coiffes portées dans les années 1860-1880 par la classe paysanne des communes de Locquénolé, Taulé, Carantec et Henvic, c'est-à-dire en pays léonard dans cette presqu'île située à l'est du Trégor.

Cette presqu'île est située entre les deux estuaires de la Penzé à l'ouest et de la rivière de Morlaix se poursuivant ensuite par la rivière la Pennélé à l'est.

Ci-contre la carte établie par R.Y.CRESTON vers 1950 avec en "C" l'aire géographique de cette mode dans la première moitié du 20ème siècle.
Les modes au fil du temps
Ci-dessus une carte actuelle de la région.

nouvelle mode du costume féminin

nouvelle mode du costume féminin

Cette situation de presqu'île aurait pu entraîner un isolat en matière vestimentaire.

En réalité, les femmes de cette région viennent d'adopter la mode des grands châles qui s'étendra sur toute cette Bretagne septentrionale et elles ont donc abandonné le costume plus archaïque composé notamment du capot, du justin noir sans col et à deux rangées de boutons dorés et de la veste noire cintrée à petites basques.

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ci-contre un dessin aquarellé de F.H.LALAISSE en 1844 d'une femme de Carantec portant le capot de travail, le justin et la veste de drap de laine noire.

Les coiffes

Les coiffes

Sur la période 1860 à 1880, seule la coiffe présente des particularismes constants aux quatre communes de cette presqu'île, conséquence de la fragmentation des coiffes communes au Léon et au Trégor.

Ci-contre une photo de la coiffe de Taulé vers 1860, telle que conservée au Musée Départemental Breton à Quimper

La taoledenn

La taoledenn

Cette coiffe parfois appelée « taoledenn » (coiffe de Taulé) se compose de deux parties (une passe cousue à un fond), elle enveloppe la totalité de la chevelure montée à l'arrière en chignon.

Elle trouve son origine dans les coiffes appelées « chikolodenn ».

Ci-contre l'un des croquis dessiné et aquarellé en 1844 par François-Hippolyte LALAISSE de la coiffe "chikolodenn" à Plougoulm (à 13 kms à l'ouest d'Henvic)

Description de cette coiffe

Description de cette coiffe

La "taoledenn" se caractérise en 1860 par une large passe rectangulaire et dépourvue d'ailes, qui, par un important pliage, perd de sa largeur, puis, par un second pliage oblique, vient dégager les joues.

Deux rubans sont cousus aux angles extrêmes de cette passe et se nouent sous le menton.

Cousu à l'arrière de cette passe et sur toute sa longueur, le fond important présente des fronces qui forment deux excroissances ("korniou") très caractéristiques du pays léonard.

Un ourlet en tissu est cousu en applique sur le coté intérieur du fond de la coiffe à quelques centimètres du bas du fond formant ainsi comme un bavolet qui, par serrage, présente une série de fronces au niveau de la nuque.

Deux coulisses se croisent dans cet ourlet et viennent maintenir les plis obliques de la passe, elles se croisent sur le sommet de la tête et se nouent enfin au niveau de l'ourlet.

Tendances après 1880

Tendances après 1880

Une tendance s'amorce après 1880 avec un rétrécissement progressif de cette coiffe dans toutes ses composantes.

Ci-contre le détail d'une photo prise vers 1905 à Morlaix par Monsieur DE KEREVER (archives au Musée d'art et d'histoire de Saint-Brieuc).

Evolution entre 1860 et 1880

Evolution entre 1860 et 1880

Vers 1880, cette coiffe « taoledenn » évolue pour présenter un aspect plus ondulant avec une passe aux angles arrondis et absente de tout pliage.

La coulisse suit désormais la limite entre la passe et le fond.

Le fond contenant le chignon devient moins enveloppant et dégage plus la nuque mais ses excroissances sont plus prononcées, comme celles rencontrées sur la coiffe ordinaire de Landivisiau vers 1860.

Ci-contre un détail d'une photo de mariage prise en 1902 à Henvic et montrant deux femmes d'un certain âge en coiffe dite "taoledenn" , en grand châle et tablier à bavette. (Collection privée)

Rédaction : Réjane et Daniel Labbé